Free-lance, slasher ou encore start-upper, professeur particulier et formateur sont devenus des véritables métiers à la mode. Le nouveau vocabulaire à adapter dans le monde du travail est arrivé. Et pour cause, on comptait en 2017 près de 2,7 millions de travailleurs indépendants en France. De plus, le travail indépendant gagne de plus en plus de terrain sur le CDD et le CDI. Mais alors quelles sont les causes de ces nouvelles formes d’emploi ? En quoi les générations Y et Z viennent redéfinir le monde du travail ? Quelles études et quel bac pour faire ces nouveaux métiers ? On vous éclaire.
La quête de sens au travail fait évoluer les formes d’emploi
L’accessibilité et la démocratisation de l’éducation ont amené les jeunes à se poser de nouvelles questions. Aujourd’hui il ne suffit pas de faire un métier qui permet de gagner sa vie, mais bien de trouver un sens à sa vie et à son travail. Ainsi, 70% des jeunes placent « le sens » du métier exercé parmi les quatre critères principaux de décision. Une réponse qui devance nettement la rémunération (62%). Cette quête de sens chez les 18-30ans met en évidence la volonté d’avoir un véritable rôle et impact grâce à son travail. Les jeunes veulent davantage se sentir utiles et uniques et non plus comme un chaînon substituable au sein d’une grande organisation dépourvue de sens. Cela se traduit par une attirance pour les startups, entreprises plus petites, ou l’apport personnel de valeur ajoutée est plus évident que dans les grandes entreprises.
La recherche de sens concerne également l’environnement de travail. Ainsi, les startups tentent de se différencier des grandes entreprises aux méthodes conventionnelles en proposant un cadre de travail plaisant aux jeunes talents. Il n’est plus rare de voir dans les locaux des startups des espaces de détente et des espaces de jeux. La quête de sens et le plaisir au travail modifient non seulement les formes d’emploi, mais aussi les espaces de travail.
Polyvalence et adaptabilité : les nouveaux skills dans le monde du travail
Bien loin de l’idée que la retraite va perdurer, les générations Y et Z ont vu leurs parents se retrouver au chômage à la suite de la crise de 2008 alors qu’ils étaient diplômés. Ainsi, ils ont décidé qu’ils allaient eux-mêmes s’occuper de leur employabilité. Dans cette même optique, ils ont compris qu’un travailleur n’aura plus le même métier toute sa vie et qu’il faudra dès lors être polyvalents. Polyvalence et adaptabilité, voici les nouveaux must-have pour évoluer dans le monde du travail. Les temps ont changé les jeunes sont plus à la recherche d’expériences et de compétences plutôt que de diplômes. Ainsi, les étudiants sont de plus en plus nombreux à partir faire un semestre à l’étranger et à faire une année de césure. Plus encore, ils entament dès leurs études leur aventure entrepreneuriale : depuis 2014, chaque année, 6000 jeunes consacrent leur stage de fin d’études au développement de leur propre entreprise, acquérant ainsi le statut d’étudiant-entrepreneur.
De quoi se constituer un bagage de compétences et d’expérience solide. Ainsi, parler plusieurs langues pour s’adapter à différents collaborateurs ne doit plus être un problème, mais une compétence acquise, presque basique.
La rapidité et l’évolution modifient le rythme du monde du travail
Les nouvelles générations sont de plus intéressées par les entreprises qui vont vite et qui leur donnent des perspectives d’évolution rapides. Et cette rapidité du changement au travail commence dès l’embauche. Ainsi, alors que les grandes entreprises ont des phases de recrutements longues et nombreuses, les startups recrutent en moins d’un mois d’après une récente étude de l’APEC. Une fois dans l’entreprise les employés sont amenés à faire plusieurs postes et/ou à monter en grade. Les jeunes travailleurs ont intégré ce nouveau mode de fonctionnement du monde du travail. S’il est vrai que beaucoup évoluent dans diverses entreprises à divers postes, d’autres optent même pour un travail indépendant. Ainsi, selon le conseil économique, social et environnemental, le travail indépendant concerne 12% de la population active. Cela concerne les free-lance, les travailleurs avec le statut d’indépendant et les slashers qui cumulent plusieurs fonctions. On peut même faire un métier quand on est étudiant avec le statut d’étudiant entrepreneur. Un étudiant à l’école peut ainsi devenir professeur particulier et donner des cours particuliers en maths, physique, anglais ou encore en piano ou dans un sport particulier, travailler dans le web en construisant des sites internet, être coursier pour une plateforme, chauffeur privé et même DJ le weekend. Il est devenu très facile aujourd’hui pour un étudiant en école de commerce et école d’ingénieurs surtout pour ceux qui sont passés par un bac s et une prépa de se faire de l’expérience durant les années grande école.
La sécurité du CDI prime encore sur la liberté du travail indépendant
Bien que la liberté que permet le travail indépendant attire de plus en plus les jeunes diplômés cela ne détrône pas le CDI reste le statut préféré des Français. En effet 76% des cadres et 86% des cadres de moins de 35 ans souhaitent garder un CDI. Ce statut rassurant est notamment gage de sécurité pour la plupart. Il semble presque essentiel pour ceux qui aspirent par exemple à acquérir un bien immobilier ou simplement à trouver une location. En effet, il est bien souvent compliqué de pousser son dossier auprès des bailleurs ou encore de la banque, en France, lorsqu’on est indépendant. Les statuts indépendants ont la vie dure et une image d’instabilité leur colle à la peau. Cela ralentit quelque peu la généralisation de ces nouveaux statuts d’emploi en Europe. Néanmoins cette transformation du monde du travail ne devrait pas trop tarder à se faire : aujourd’hui, à New York, un travailleur sur deux a déjà un statut d’indépendant.
Cette modification importante du monde du travail, incitée par les nouvelles générations de travailleurs invite à nous projeter dans le futur. Si ces nouvelles formes d’emploi supposent plus de liberté, la question de la protection sociale du travailleur se pose. En 2017, l’Observation Alptis en collaboration avec la revue “Futuribles” publie une étude. Ils mettent en évidence quatre scénarios (catastrophe) plausibles à l’horizon 2030.