De Nao le petit robot aux évolutions domotiques qui envahissent nos maisons, des récits minutieux d’Isaac Asimov – avec leurs fameuses règles de la robotique – aux androïdes malicieux de la saga Star Wars, les robots et les machines ont toujours fasciné l’humanité. Bien que celle-ci soit aujourd’hui partagée entre ceux qui voient dans la machine un espoir, et ceux qui craignent la prise de pouvoir par les tas de boulons façon Terminator, l’histoire de la robotique nous prouve du moins une chose essentielle : que le désir de reproduire le fonctionnement de la nature remonte aux origines de la pensée.
Échec et automates
Avant de prendre la forme de petits cubes sympathiques (Wall-E) ou de séduisants corps féminins (le film Ex Machina d’Alex Garland), les robots ont d’abord été des automates. On est certes loin des fantasmes modernes aussi bien que des réalités contemporaines (l’AlphaGo qui a récemment vaincu un adversaire humain au jeu de go), mais l’histoire de la robotique commence avec ce mot.
Les amateurs d’Antiquité grecque se souviennent peut-être qu’autour du berceau de la démocratie prenaient vie les premiers artefacts – le pigeon volant d’Archytas de Tarente, les scènes amovibles mécaniques de Héron d’Alexandrie. Mais c’est bien au génie de Leonard de Vinci que l’on doit des avancées étonnantes en matière d’automates, avec son chevalier capable de bouger bras, jambes et mâchoire.
Les XVIIIe et XIXe siècles signalent le début de l’ère moderne de la robotique. Les automates se multiplient :
- Le canard de Jacques de Vaucansson (qui savait bouger, manger, boire, s’ébrouer dans l’eau, caqueter… et déféquer !)
- La musicienne, l’écrivain et le dessinateur créés par la famille Jaquet-Droz
- L’automate parlante d’Eugène Faber
- Le joueur d’échec du baron von Kempelen (celui qu’évoque Edgar Allan Poe dans sa célèbre nouvelle)
L’histoire de la robotique prend son essor
Au XXe siècle, le principe de l’automate continue d’inspirer les scientifiques, mais ceux-ci veulent pousser plus loin le réalisme. Commence une période surprenante durant laquelle les ingénieurs puisent dans les travaux des biologistes et des psychologues pour construire des machines animalières qui peuvent non seulement s’ébattre seules, à l’instar du canard de Vaucansson, mais encore apprendre par elles-mêmes.
Si les automates se définissent comme des entités qui obéissent uniquement à des programmes préétablis, ces machines-animaux n’en sont définitivement pas. Le chien électrique de Hammond et Miessner en 1915, les tortues de Grey Walter en 1950 ou le renard de Ducrocq en 1953 entrent bien dans la catégorie des robots modernes.
La raison en est simple les robots sont dotés de capteurs qui leur permettent d’interagir avec leur environnement, tandis que les automates se contentent de répéter un même mouvement à l’infini. Les robots modifient leur fonctionnement en fonction des informations qu’ils reçoivent. Si l’automate est un piano automatique, le robot, lui, est le pianiste.
Quand les robots commencent à penser
Le concept qui se cache derrière cette distinction mène tout droit à l’étape suivante – et contemporaine – de l’histoire de la robotique : l’intelligence artificielle. Pour avoir échappé à cette notion, il faut avoir passé les trente dernières années enfermé dans un igloo – et même comme ça, il n’est pas dit que vous n’en ayez pas entendu parler.
Attention, toutefois : l’intelligence artificielle ne se limite pas au joli film de Steven Spielberg, qui imagine des robots capables de penser, d’évoluer, et même d’aimer. Le cerveau électrique, qui tente de reproduire la complexité de la pensée, n’a pas besoin de s’embarrasser d’une enveloppe humaine. Voici comment les choses se sont passées :
- Dans les années 50, Alan Turing met au point un « test de Turing » dont le but est de mesurer la présence d’une conscience dans une machine (notez que ce fut l’inspiration du fameux test Voight-Kampff dans Blade Runner).
- En 1956, John McCarthy forge l’expression « intelligence artificielle », qu’il définit : il s’agit de modéliser par des outils informatiques la complexité de la pensée humaine.
- En 1963, un programme créé par Newell et Simon, baptisé General Problem Solver, s’avère capable de résoudre des problèmes difficiles.
- En 1971, un robot virtuel du nom de Shrdlu, inventé par Winograd, peut dialoguer avec son créateur.
- En 1984, le Mycin (développé par Buchanan et Shortliffe) a la capacité de poser un diagnostic médical avec plus de précision et de rapidité que les humains.
Les prochains développements de l’histoire de la robotique
L’intelligence, donc, peut se cacher dans n’importe quelle machine : robot miniature (Nao), logiciel intégré à un smartphone (Siri) ou à une voiture (la Google Car ou le véhicule autonome développé par Audi). Ces quelques exemples marquent autant d’étapes essentielles dans l’histoire de la robotique.
La question est : où va-t-on ? Peut-on estimer que l’invention du Terminator et la matérialisation des fantasmes d’Asimov sont pour demain ? Se promènera-t-on bientôt aux côtés de vrais C-3PO, R2D2 et BB8 ? Il semblerait bien que non. L’histoire de la robotique avance, certes, mais il lui reste encore bien des étapes à franchir avant de nous livrer des compagnons d’apéritif faits de boulons.